Estate di notte
I
Mi sembra, stasera,
Che più vasto il cielo stellato
A noi si avvicini; e la notte
sia dietro tanti fuochi meno oscura.
Splendono anche le fronde sotto le fronde,
Si è ravvivato il verde, e l’arancio dei frutti maturi,
Lume d’angelo prossimo; un bàttito
D’occulta luce coglie l’albero universale.
A me sembra, stasera,
Che siamo entrati nel giardino, e l’angelo
Ne ha richiuso le porte senza ritorno.
II
Vascello di un’estate,
E tu come alla prua, come si chiude il tempo,
Sciorinando stoffe dipinte, sussurrando.
In quel sogno di maggio
L’eternità saliva tra i frutti dell’albero
E io ti offrivo il frutto che fa illimitato
L’albero senz’angoscia né morte, di un mondo condiviso.
Vagano i morti lontano al deserto di schiuma,
Non c’è deserto più se tutto è in noi,
Non c’è più morte, se le mie labbra sfiorano
L’acqua di una similitudine diffusa sul mare.
Oh sufficienza dell’estate, io t’ebbi pura
Come l’acqua mutata dalla stella, come un fruscìo
Di schiuma sotto i passi dove risale della sabbia
Un chiarore a benedire i nostri corpi senza luce.
L’été de nuit
I
Il me semble, ce soir,
Que le ciel étoilé, s’élargissant,
Se rapproche de nous; et que la nuit,
Derrière tant de feux, est moins obscure.
Et le feuillage aussi brille sous le feuillage,
Le vert, et l’orangé des fruits mûrs, s’est accru,
Lampe d’un ange proche; un battement
De lumière cachée prend l’arbre universel.
Il me semble, ce soir,
Que nous sommes entrés dans le jardin, dont l’ange
A refermé les portes sans retour.
II
Navire d’un été,
Et toi comme à la proue, comme le temps s’achève,
Dépliant des étoffes peintes, parlant bas.
Dans ce rêve de mai
L’éternité montait parmi les fruits de l’arbre
Et je t’offrais le fruit qui illimite l’arbre
Sans angoisse ni mort, d’un monde partagé.
Vaguent au loin les morts au désert de l’écume,
Il n’est plus de désert puisque tout est en nous
Et il n’est plus de mort puisque mes lèvres touchent
L’eau d’une ressemblance éparse sur la mer.
Ô suffisance de l’été, je t’avais pure
Comme l’eau qu’a changée l’étoile, comme un bruit
D’écume sous nos pas d’où la blancheur du sable
Remonte pour bénir nos corps inéclairés.
Yves Bonnefoy, da “Pierre écrite”, Mercure de France, 1965
Yves Bonnefoy, da Pietra scritta, Palermo, La nuova Guanda, 1985, traduzione di Diana Grange Fiori.
Yves Bonnefoy (Tours 1923 – Parigi 2016) è stato un poeta, traduttore e critico d’arte francese. In poesia ha pubblicato: Du mouvement et de l’immobilité de Douve (1953), Anti-Platon (1953), Hier régnant désert (1958), Pierre écrite (1965), Dans le leurre du seuil (1975), Ce qui fut sans lumière (1987), Début et fin de la neige (1991), La vie errante (1993), Les Planches Courbes (2001).
La traduzione qui proposta è della francesista Diana Grange Fiori (1918-2001).