IL CREPUSCOLO
Eccola, l’incantevole sera, amica del delinquente,
viene come un complice, col passo del lupo;
il cielo si richiude lentamente come la cortina d’un letto
è l’uomo insofferente diventa una bestia feroce.
Sera, o amabile sera, desiderata da colui
le cui braccia possono onestamente dire: Oggi
Abbiam lavorato! – È la sera che dà sollievo
a chi è divorato da un dolore crudele,
all’ostinato studioso con la fronte che gli pesa
all’operaio piegato, che può dormire finalmente.
Ma intanto, nell’aria, ammorbanti dèmoni si ridestano
con livore, come degli attaccabrighe, e sbattono volando
contro le imposte e gli sporti delle porte.
Il vento tormenta i bagliori mediante i quali
si accende nelle vie la Prostituzione,
che fuoriesce come da un formicaio, dappertutto
apre nuove strade segrete
come un nemico che tenta un’azione a sorpresa
si muove dentro la città corrotta come un verme
che ruba all’Uomo ciò che ha mangiato.
Senti qua e là un fervore di cucine, uno strepito
di teatri, un soffio di orchestre; le osterie,
dove si viene soprattutto per giocare, si riempiono
di puttane e di imbroglioni, che sono loro complici,
e gli stessi ladri, che non hanno sosta né pietà,
tra poco cominciano la loro attività,
forzando piano le porte e le casse
per camparci qualche giorno e vestire l’amante.
In questo momento grave, anima mia sta
in raccoglimento, sii sorda a questo verso di belva.
È l’ora in cui le sofferenze dei malati aumentano!
La cupa Notte li strangola; si compie il loro destino,
e s’avviano verso l’abisso comune;
l’ospedale si riempie dei loro sospiri. – Più d’uno
Non verrà più a mangiar la minestra profumata
accanto al fuoco, la sera, accanto alla persona amata.
E la maggioranza, per giunta, non ha mai saputo
com’è dolce avere una famiglia, e non ha mai vissuto!
Traduzione di Nicola Muschitiello
LE CRÉPUSCULE DU SOIR
Voici le soir charmant, ami du criminel;
II vient comme un complice, à pas de loup; le ciel
Se ferme lentement comme une grande alcôve,
Et l’homme impatient se change en bête fauve.
Ô soir, aimable soir, désiré par celui
Dont les bras, sans mentir, peuvent dire: Aujourd’hui
Nous avons travaillé! — C’est le soir qui soulage
Les esprits que dévore une douleur sauvage,
Le savant obstiné dont le front s’alourdit,
Et l’ouvrier courbé qui regagne son lit.
Cependant des démons malsains dans l’atmosphère
S’éveillent lourdement, comme des gens d’affaire,
Et cognent en volant les volets et l’auvent.
À travers les lueurs que tourmente le vent
La Prostitution s’allume dans les rues;
Comme une fourmilière elle ouvre ses issues;
Partout elle se fraye un occulte chemin,
Ainsi que l’ennemi qui tente un coup de main;
Elle remue au sein de la cité de fange
Comme un ver qui dérobe à l’Homme ce qu’il mange.
On entend çà et là les cuisines siffler,
Les théâtres glapir, les orchestres ronfler;
Les tables d’hôte, dont le jeu fait les délices,
S’emplissent de catins et d’escrocs, leurs complices,
Et les voleurs, qui n’ont ni trêve ni merci,
Vont bientôt commencer leur travail, eux aussi,
Et forcer doucement les portes et les caisses
Pour vivre quelques jours et vêtir leurs maîtresses.
Recueille-toi, mon âme, en ce grave moment,
Et ferme ton oreille à ce rugissement.
C’est l’heure où les douleurs des malades s’aigrissent!
La sombre Nuit les prend à la gorge; ils finissent
Leur destinée et vont vers le gouffre commun;
L’hôpital se remplit de leurs soupirs. — Plus d’un
Ne viendra plus chercher la soupe parfumée,
Au coin du feu, le soir, auprès d’une âme aimée.
Encore la plupart n’ont-ils jamais connu
La douceur du foyer et n’ont jamais vécu!
Charles Baudelaire